
20 mars 2025
L'Éditorial du 20 mars 2025
«LES CANICULES S’EMBALLENT
Oui, les canicules s’emballent comme l’on pourrait le lire dans la rubrique bien connue d’un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi. Et que propose le personnel politique de la planète pour y remédier ? RIEN ! Mais dans des styles bien différents.
Il y a d’abord celui des populistes extrême droitiers, comme on peut les voir à l’œuvre par exemple aux États Unis. Ceux -là se disent climato-sceptiques. C’est une coquetterie. Le climato-scepticisme n’existe quasiment pas. Les scientifiques de diverses spécialités ont largement démontré et documenté la chose depuis des dizaines d’années pour qu’aujourd’hui personne d’à peu près censé, sachant lire et écrire, puisse le nier. Ou alors il faudrait mettre en doute tout ce qui existe, nous expliquer qu’en réalité le jour, c’est la nuit ou bien que ce que nous voyons n’existe pas et n’est qu’illusion. Bref, la pensée magique, mais nous ne sommes plus des enfants ; enfin espérons-le même si à l’évidence certains politiques nous prennent comme tels. Non, en réalité tous ces gens se moquent totalement du sort de la planète, de ses habitants et de ce qui peut leur advenir. Seuls comptent leurs intérêts personnels, leur argent, le pouvoir, leur mandat électoral. Ils font leur la phrase de Marx (Groucho) : « Pourquoi me soucierais-je des générations futures ? Qu’ont-elles fait pour moi ? ». Brefs, des salauds assumés, décomplexés, nous les connaissons bien.
Si, j’exagère, il existe un cas de dirigeant climato-sceptique véritable : Trump. Mais là, le personnage relève d’autre chose… Un être à l’inculture crasse, à l’ego surdimensionné pour ne pas écrire mégalo, aux idées courtes simplissimes et datées, qui pense détenir la vérité sur tout, lourdement influencé (manipulé ?) par des paléo-libertariens. Le grand retour de l’obscurantisme, la récession de nos civilisations.
Il y a ensuite ceux que nous appelons chez nous les Verts, Les Écologistes. Un parti croupion qui a deux obsessions : se mêler de tout (surtout de ce qui ne relève en rien de l’environnement) et se « flinguer » entre eux. Des personnalités fort honorables et compétentes s’y sont engluées sans parvenir à donner à ce mouvement la place et l’essor que sa ligne politique théorique mériterait.
Il y a enfin, les autres, tous les autres. La droite bien sûr, type L R, mais qui lorgne tellement vers l’électorat de l’extrême droite que l’extinction du vivant et le changement climatique ont disparu de leur radar. Quant aux autres partis, notamment de gauche, bien sûr qu’ils ne nient pas ces questions. Bien sûr qu’ils les savent fondamentales pour tous les habitants de la planète. Bien sûr qu’ils savent qu’il va falloir vivre autrement, différemment. Mais comment l’annoncer à leurs électeurs ? Quelle dose de courage politique et d’honnêteté intellectuelle il leur faudrait ! Nous en sommes loin. Eux, ils font plutôt dans le style hypocrite : oui bien sûr on sait, on connait les risques, ne vous inquiétez pas on va le faire… Un jour !
Le 8 décembre 1793, Jeanne Bécu (1743 – 1793), connue comme madame du Barry ou la comtesse du Barry, dernière maîtresse du roi de France Louis XV (1715 – 1774), aurait demandé un ultime répit au bourreau Samson avant d’être guillotinée, place de la Concorde à Paris : « Encore un moment monsieur le bourreau ». Et bien ces partis agissent de même : « encore un moment monsieur le réchauffement climatique », « encore un moment madame la biodiversité ». Oui bien sûr, il y a la pollution automobile, l’artificialisation des sols, mais laissez-nous faire une dernière autoroute, une petite, une toute petite ! Oui bien sûr, il y a la pollution plastique, mais ne fâchons pas les industriels du secteur, réautorisons les pailles et les verres en plastiques. Oui bien sûr, il y a les abeilles et quantité d’autres insectes nécessaires à la vie, mais réautorisons les insecticides néonicotinoïdes indispensables à nos pauvres agriculteurs et renforçons la tutelle politique sur l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, tout en tapant sur les agences protégeant le secteur (Ademe, OFB…). Oui bien sur les arbres, les forets c’est important pour l’Homme, mais reportons la loi contre la déforestation, dernier texte fondateur du pacte vert européen qui n’avait pas encore été détricoté. Oui grâce à l’accord de Paris, beaucoup de pays, dont la France, avaient tracé des trajectoires de baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais reportons la mise en œuvre à plus tard ; moyennant quoi, les rejets carbonés français sont repartis à la hausse au troisième trimestre (+ 0,5 %).
Et avec des exemples de ce type nous pourrions nourrir des pages entières. Au moins Trump est cash, il nie toutes répercussions de l’activité humaine sur l’environnement ; au moins les populistes d’extrêmes droite ne biaisent pas, ils se moquent des conséquences qu’ils feignent de ne pas voir. Et les autres tranquillement, doctement, qui se parfument d’être des politiques responsables, des politiques « de gouvernement », nous enfument avec des discours lénifiants, cauteleux, se parant du raisonnable, voire de l’intérêt public. Alors même qu’ils l’assassinent.
C’est Georges Orwell qui disait : « Si la politique doit mobiliser notre attention, c’est à la façon d’un chien enragé qui vous sautera à la gorge si vous cessez un instant de le tenir à l’œil ».
Souvenons-nous en……
Jacques Lavergne / 20 mars 2025 / Esprit Occitanie
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