
19 mars 2023
L'Editorial du 19 mars 2023
« Je cherche un homme » (1)
Un Président de la République se doit d’être avant tout un rassembleur à l’écoute des Français, connaissant bien et ceux-ci et le pays de France. Il se doit d’écouter, de communiquer, d’éclairer le chemin, de donner à la population tous les éléments de nature à lui permettre de mesurer les enjeux, de tout mettre en œuvre afin de la convaincre de la justesse de sa politique.
Ce qui implique de ne mépriser personne, d’entendre les corps intermédiaires et d’éviter les basses manœuvres politiciennes sentant par trop l’arrière boutique politicarde. Courage, humilité, détermination, empathie, hauteur de vue et proximité avec ses concitoyens. Oui, je sais, le portrait robot ainsi dessiné est un idéal jamais atteint par nos Présidents passés, même si certains s’en sont rapprochés sensiblement.
Aujourd’hui, force est de constater que le Président actuel, élu par peu de français dont beaucoup ont voté par défaut afin d’éviter le pire, est aux antipodes de cette figure idéale. Ce qui amène naturellement à se poser la question de savoir si Emmanuel Macron dispose de l’intelligence nécessaire à l’exercice de sa fonction. Et poser la question, c’est quasiment y répondre !
Lointain, ne connaissant ni le pays ni les Français, volontiers donneur de leçons (même à nos partenaires internationaux ce qui n’améliore pas l’image de la France), orgueilleux et raide, adepte de la décision et de l’action solitaire, sûr de lui et péremptoire, il gère le pays comme il le ferait d’un établissement bancaire. Comment un homme encore jeune peut-il agir selon des principes et des valeurs aussi datés ? Il nous a vendu durant sa campagne un monde politique nouveau, des promesses de changement d’attitude et de méthode. Il faut bien constater qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil macronien si ce ne sont une politique souvent erratique, des décisions prises à l’emporte-pièce, des réformes imposées à la hussarde qui divisent et affaiblissent le pays.
Et vers quoi et qui ira un Pays lassé et désabusé de la politique, inquiet de voir un monde et une société qu’il ne comprend plus, qui le fait vivre durement, même si comparé à beaucoup d’autres la France demeure un havre où il fait bon vivre ? A l’évidence comme d’autres se jeter dans les bras de femmes et d’hommes se vendant comme providentiels, aux idées simples voire simplistes, irréalistes et éculées, qui nous expliquent qu’avec eux le passé va ressurgir, que sous leur férule la vie sera douce, les dangers écartés, les étrangers qui viennent voler notre pain expulsés, bref que les lendemains chanteront à nouveau.
Foutaises dangereuses certes mais qui sonnent agréablement à l’oreille de Français, déboussolés, manipulés et perdus, qui préfèrent céder au chant délicat et trompeur de certaines sirènes plutôt que de voir la réalité en face, de tenter de la comprendre et d’agir en conséquence. Léthargie organisée et acceptée, laisser aller jouisseur sont les ennemis de la démocratie.
Où est la vision de l’avenir du Président Macron ? Quel récit de celui-ci nous a-t-il livré depuis son arrivée à l’Elysée ? Aucune et aucun : une gestion de boutiquier élitiste et lointaine en tient lieu. Comment faire face aux défis de ce 21ème siècle déjà bien entamé que sont l’injustice protéiforme, les inégalités sociales, les graves tensions géopolitiques, et surtout, surtout les grands risques que font courir à la planète et à nos civilisations le réchauffement climatique, les pollutions de tous ordres, l’épuisement des ressources naturelles, la raréfaction de l’eau, l’écroulement de la biodiversité ?
C’est peu de dire qu’il n’est pas l’homme de la situation ni de l’époque. Constatation qui nous amène naturellement à cette épineuse question : qui pour faire le job à sa place ou/et après lui ? A force d’avoir délaissé la politique, les Français – et ils ne sont pas les seuls dans ce cas – l’ont laissé aux mains de femmes et d’hommes qui prétendent mener le bal mais dont beaucoup sont loin d’avoir les qualités intellectuelles et humaines nécessaires, quant ils ne sont pas franchement médiocres. A une époque où les problèmes à surmonter sont aussi complexes que considérables, il est impératif de confier nos intérêts à des concitoyens compétents, éclairés, et disons le visionnaires.
Où sont-ils, car il en existe nécessairement ? Et aura-t-on la lucidité, s’il s’en trouve, de les soutenir, de nous réinvestir dans la réflexion et l’action politique, de prendre nos intérêts en mains ? Il faut l’espérer, sinon nous donnerons raison à Albert Einstein lorsqu’il écrivait que « le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal mais par ceux qui regardent sans rien faire ».
(1) Diogène de Sinope , 413-327 avant J.C.
Jacques Lavergne / Edito pour Esprit Occitanie / le 19 mars 2023
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