L'ÉDITORIAL de Jacques Lavergne (Cliquez)


19 octobre 2024

L'Éditorial du 19 octobre 2024

« TOUT BAIGNE…»

Le sud de la France vient de connaître des épisodes de prélèvement considérables avec des cumuls pouvant atteindre localement 600 à 700 mm, dont environ 500 mm en moyenne sur quarante-huit heures. C'est exceptionnel. Ce qui l'est aussi c'est l'étendue des territoires touchés par le phénomène : trente-trois départements placés en vigilance orange pour des pluies et des inondations et six en vigilance rouge. En plus, dans certains départements de la moitié nord de la France, on attend entre 30 et 50 mm de prélèvement sur des sols déjà gorgés d'eau en raison du passage récent de la tempête Kirk.

Depuis quelques mois nous assistons à une recrudescence de ces phénomènes : voir par exemple les inondations exceptionnelles en vallée d'Aspe, ou la crue en Isère qui avait ravagé la Bérarde. La France n'est pas le seul pays touché, une partie de l'Europe centrale l'a été aussi. Rien d'étonnant à cela : comme le dise les spécialistes (lire l'entretien donné par le climatologue Aurélien Ribes à Audrey Garric du Monde), « cette série interpelle mais elle est cohérente avec le tableau clinique du changement climatique  ». Ce dernier augmente les températures, de ce fait l'air contient davantage de vapeurs d'eau, d'où des épisodes de fortes, fréquentes et plus intenses. Il faut s'y préparer, les émissions de gaz à effet de serre émis par l'activité humaine entraîneront des épisodes de ce type, toujours plus violents.

Tout baigne…

Les spécialistes météo se préparent à enregistrer à l'échelle du globe « une augmentation de 7 % en moyenne de l'intensité des prélèvements extrêmes pour chaque degré de réchauffement » (idem). Si vous ajoutez à cela l'impact que peut avoir sur les conséquences du phénomène d'imperméabilisation des sols, leur artificialisation, voire l'aménagement de cours d'eau, vous pouvez craindre le pire dans certaines régions. La mutation climatique génère un renforcement des extrêmes secs et des extrêmes humides, les deux pouvant d'ailleurs se succéder. Tout cela à de multiples et dramatiques pour conséquences les humains. 2024, est une année de calamités pour l'agriculture, durement frappée par le dérèglement climatique. Pluies excessives en France, sécheresse majeure en Méditerranée et au Brésil, ouragans ravageurs aux Etats-Unis… sur tous les continents, les extrêmes climatiques percutent le monde agricole et retirent les productions.

Mais cela n'inquiète pas tout le monde, notamment le personnel politique français, singulièrement celui qui – même minoritaire – tente de gouverner aujourd'hui le pays. Plutôt que de se pencher sérieusement sur ces questions environnementales, Michel Barnier et son ministre de l'Intérieur se pavanent à Menton pour traiter de l'immigration et préparer une énième loi sur la question alors même que sur les 30 décrets d'application prévus par la loi immigration de 2023, seuls 8 ont été publiés . Sans oublier que, selon  l'agence Frontex, les passages clandestins aux frontières de l'UE sont en baisse de 42% depuis janvier (les 3 pays les plus représentés parmi ces migrants irréguliers restent la Syrie, le Mali et l'Ukraine) .

Bref, on voit par là que nos politiciens sont plus préoccupés par les postures, les visions étriquées, les petits bricolages politiciens, les jeux d'appareils médiocres, que par l'avenir des Français, leur santé, leur sécurité, leur Avenir. Tant qu'à parler d'immigration, se sont-ils posés la question de savoir comment l'on fera face à un jour prochain au flux d'hommes et de femmes qui, chassés de chez eux par un changement climatique dont ils ne sont pas responsables, s'abriteront-ils pour survivre sur nos territoires ? Se sont-ils réunis sur le point de savoir qui fera tourner notre économie, travaillera dans nos entreprises, payera charges et retraites, lorsque la crise démographique qui nous touche aura déjà atteint des proportions insoutenables ?

Non, ils gèrent leur petite boutique partisane, suivant les vents plus ou moins dominants même s'ils sont porteurs d'odeurs nauséabondes et de solutions aussi frelatées qu'inefficaces.

Tout baigne on vous dit.

Jacques Lavergne / Esprit Occitanie / 19 octobre 2024


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